IL EN VA DES NOMS COMME DES LIEUX…
TOUS CHANGENT AU FIL DES ANS
Les noms propres ont la bougeotte
Derrière eux, mille ans d’histoire. Issus du patois, du latin, du grec ou du gaulois, ces lieux dits, qui font fi de l’orthographe, se seraient déplacés d’un bout à l’autre du village.
Avec un peu d’imagination, on peut d’abord rêver. Soucieu n’est-il pas justement ce village béni entre tous SOUS LES CIEUX ? Sauf que 36000 communes partagent à peu près ce privilège. Ne cherchez pas non plus de belle au Moulin Rose, vous n’y trouverez que le solide propriétaire de l’époque qu’on appelait tout simplement, par son vrai nom : le PERE ROSE. Non, l’histoire est ainsi faite, moins fantaisiste qu’il n’y parait et pour tout dire, prosaïque.
Ces lieux dits évoquent d’abord des marécages (Les Seignes), des pâtures verdoyantes et des fontaines ombragées (Fontanille ou Arbora). Contre toute attente, Malaguette est à prendre au masculin et désignerait un «mauvais gué». L’usage voulait enfin qu’on réserve un pré communal, Praqueminot où tout le monde menait paître ses vaches.
L’empreinte des bourgeois Lyonnais
Derrière ces patronymes, s’affirme aussi l’ordre social de l’époque, quand les grands bourgeois lyonnais, désireux d’échapper à l’impôt s’arrogeaient les trois quarts des terres. Leurs noms sont restés. Place du Pillot par exemple. Oubliez la référence paysanne au petit de la poule ! Non, il s’agit tout bonnement d’un sieur Peillot cité 16 fois dans divers actes notariés, un homme suffisamment important pour laisser son nom à une place du village. Tout comme le sieur Brichet, Jean Maillard (près de la Maillarde l’homme aurait fait édifier le château de la Flette en 1669), la famille Tolon (la Tolonne) et Mathieu Cumin qui laissera son nom à la Cumine en 1705.
Énigme en Argencieux
Ces noms nous renvoient enfin à une campagne industrieuse. L’historien situe des fours à chaux, probablement à la Chauchère, des tuileries qui donneront leurs noms à la Tuilière, et aux Fournettes, enfin, le puit de la Forge, derrière l’église. Il faut aussi se remettre dans le contexte de l’époque, le bourg est resserré sur lui-même, et les villageois jettent leurs ordures dans le fossé: les Terreaux, s’accumulent autour de la muraille d’enceinte.
Au fil des siècles, la physionomie du village s’est considérablement modifiée. Disparue, elle aussi, cette villa gallo-romaine dont on aurait trace à Argencieux ? La réponse appartient aux archéologues.
«Laissons leur place aux énigmes», conclut Jacques Rivoire.
Et aux légendes ? La plus fantaisiste voudrait que nos ancêtres, courant vers leurs belles, (vers chéries !) aient donné son nom au hameau de Verchery.
D’après la conférence de Jacques Rivoire le 19 novembre 2005
Avant / Après
Photos communiquées par le Groupe Mémoire Ch. ANDRE